THE PATRIOTIC Sunday "Lay Your Soul Bare"  (Effervescence / 2005)

Avant même la musique, il y a cette superbe pochette, noir soyeux et profond d'où émane le grain de la silhouette sensuelle d'une jeune femme nue, offerte au regard bienveillant, elle-même dérobée par son propre regard absorbé hors-champ. Musique... Dès les premiers instants, quelque chose se passe : la rencontre intime d'une voix et d'une guitare aussi limpides l'une que l'autre capte l'attention, une sorte de David Grubbs post-adolescent, déjà poignant. Le reste du disque sera plus qu'à la hauteur puisque les 50 minutes de 'Lay Your Soul Bare' consistent en une époustouflante exploration des idiomes de la pop, du folk, du blues, du jazz, de la bossa-nova, effectuée avec une maturité et une émotion remarquables. Dans un songwriting lumineux et fort d'une personnalité vocale dignes des plus grands, Eric Pasquereau (Nantes) se livre dans un anglais parfait, tisse minutieusement ses ritournelles addictives qu'il orne de sa délicieuse voix, rappelant étonnament, parfois, celle de Sam Prekop (The Sea and Cake). Les accents bossa de certains titres ne sont d'ailleurs pas sans rappeler le fabuleux disque solo de ce dernier (Thrill Jockey, 1999). Que les compositions s'enrichissent d'autres instruments (piano, batterie, violon, xylophone, saxophone, accordéon, melodica) ou qu'elles se dévoilent quasi nues, celles-ci regorgent toujours de cette impressionnante force mélodique, suave, et de ce talent inouï qu'aucun mot ne saura recouvrir. L'ensemble est à la fois dense et léger, riche et simple, magnifiquement produit. Le label Effervescence (Room 204, Motenai, Stuntman5) étoffe ainsi son catalogue de la plus belle manière qui soit, pointant une direction audacieuse et menant sa barque dans les eaux les plus diverses, avec un travail inspiré, passionné, et une apparente exigence de qualité. La production discographique est actuellement suffisamment saturée, atomisée, pour que l'on se recueille en soi-même afin de prier pour que ce disque reçoive l'audience et la reconnaissance qu'il mérite, c'est-à-dire la plus grande.  (sg)